Ce qu’il faut savoir sur les tendinopathies en 9 points
Voici un article très bien fait et traduit par un collègue ostéo (Laurent Fabre) : le lien original par ici
Il y a encore beaucoup d’inconnu sur les tendinopathies, et pourtant il y a des preuves scientifiques indiscutables que tous les cliniciens et tous les patients doivent connaitre.
1. Le repos n’est pas bénéfique à la guérison de la tendinopathie.
La douleur peut se calmer, mais la reprise de l’activité est souvent douloureuse. Le fait de se reposer ne permet pas au tendon d’améliorer sa tolérance à la contrainte mécanique.
2. La tendinopathie n’est pas considérée comme une réaction inflammatoire classique même si il y a quelques cellules et molécules biochimiques inflammatoires impliquées.
Les anti-inflammatoires peuvent vous aider en cas de douleur très importante, mais leur effet n’est pas prouvé sur les cellules impliquées dans le processus pathologique.
3. Plusieurs facteurs de risque sont favorables à l’apparition d’une tendinopathie.
Le facteur principal est la sur-utilisation du tendon, ou simplement l’excès de certaines activités , incluant :
celles qui demandent au tendon d’emmagasiner de l’énergie (càd. marcher, courir, sauter);
et celles qui exercent des contraintes de compression sur le tendon.
Certaines personnes sont plus exposées aux douleurs tendineuses à cause de facteurs prédisposants : biomécaniques (ex : faible capacité ou faible endurance musculaire, etc.), ou systémiques (ex : âge, ménopause, hypercholestérolémie, sensibilisation centrale etc.). Ces personnes peuvent déclencher une douleur au moindre changement d’activité.
4. La recherche montre que le traitement le plus efficace de la tendinopathie reste l’exercice.
Les tendons ont besoin d’être mis en charge progressivement afin d’améliorer leur tolérance aux contraintes mécaniques de la vie quotidienne.
Sans ce stimulus vital de remise en charge, il est très peu probable que la tendinopathie s’améliore.
5. Afin de diminuer la douleur tendineuse, il est important de modifier la mise en charge.
Il faut souvent, ou au moins temporairement, diminuer les contraintes qui demandent de l'emmagasinement d’énergie et de la compression.
6.La douleur n’est PAS synonyme de dommages tissulaires constatés à l’imagerie.
Les dommages tissulaires sont fréquents chez des individus asymptomatiques. Ce n’est pas parce que l’on vous a diagnostiqué une « pathologie tissulaire sévère » à l’imagerie, ou même une « déchirure », que votre pronostic de guérison est moins bon.
D’autant plus que l’on sait aujourd’hui que même avec les meilleures intentions du monde et les traitements les plus sophistiqués (exercices, infiltrations, etc.), la plupart du temps le tissu pathologique ne se modifie pas.Donc même si l’étude de l’aspect tissulaire est nécessaire, la majorité des traitements ne se focalisent pas sur la réparation tissulaire, mais sur l’amélioration de la douleur et de la fonction.
7. Les traitements passifs seuls effectués sur le long terme n’améliorent que très rarement les tendinopathies : le massage, les ultrasons, les infiltrations, les ondes de choc, etc…
L’exercice est souvent l’ingrédient essentiel là où les traitements passifs ne sont que les additifs. Il faut éviter les infiltrations multiples car elles ont de moins bon résultats.
8. L’exercice doit être individualisé et adapté à la plainte douloureuse et fonctionnelle du patient.
La mise en charge doit être progressive et adaptée à la réponse douloureuse, afin d’atteindre les objectifs de restauration fonctionnelle.
9. Les tendinopathies répondent très lentement aux exercices.
Vous devez être patient, vous assurez d’effectuer correctement et progressivement l’exercice approprié, ne succomber pas à la tentation des « raccourcis » de traitements, comme les infiltrations ou la chirurgie. La plupart du temps il n’y a pas de raccourcis.
Les précédents points sont des principes généraux, et dans certaines situations, les adjuvants comme l’infiltration ou la chirurgie sont appropriés dans la prise en charge de la tendinopathie.